jeudi 17 décembre 2009

Lutter contre la peine de mort Alexis Ghomari, José Hugard

Contre la peine de mort : tuer pour montrer qu’il ne faut pas tuer ?

La peine de mort est la négation même du droit humain le plus fondamental, celui de vivre, tel qu’énoncé dans la Déclaration Universelle des droits de l’Homme, et est à considérer comme la forme ultime de traitement cruel, inhumain et dégradant. Les années passées dans les couloirs de la mort peuvent également être assimilées à une forme de torture, universellement interdite par la Convention contre la Torture de 1984. Aujourd’hui, la tendance générale dans le monde est à l’abolition de la peine de mort.

De nombreuses autres raisons incitent à agir contre la peine de mort :

Elle n’est pas dissuasive. Il n’a jamais été prouvé que la peine de mort est plus dissuasive que d’autres formes de châtiments ; bien au contraire des études ont montré que la peine de mort est susceptible d’entraîner une hausse des crimes violents car elle contribue à banaliser les comportements brutaux. La plupart des criminels pensent qu’ils ne seront pas arrêtés et punis, dès lors, la question de savoir s’ils risquent la peine de mort ou la prison à vie ne se pose même pas ; le meilleur moyen d’agir préventivement contre le crime, crimes violents inclus, n’est pas l’imposition de peines plus sévères mais la garantie que tout crime sera puni.
Elle s’appuie sur une justice faillible.

La justice humaine n’est pas infaillible et le risque d’exécuter des innocents demeure une réalité dans les pays qui appliquent ce châtiment. Ces drames sont souvent liés à des faiblesses du système judiciaire : enquêtes bâclées, défense inexistante pour l’accusé, etc. La peine de mort est discriminatoire ; elle est surtout appliquée aux minorités, aux pauvres, aux membres de groupes ethniques ou religieux. La peine de mort est parfois utilisée comme instrument de répression politique ; les autorités emploient la peine de mort pour réduire au silence leurs opposants politiques.
Elle ne protège pas en profondeur la société.

Il est évident que la peine capitale exclut le criminel de la société de façon définitive. Mais est-on en droit d’user d’un tel moyen si le même but peut être atteint par d’autres peines, telles les peines privatives de liberté ? Eliminer un coupable en le mettant à mort est la solution de facilité, qui évite de se poser le vrai problème, celui de la réforme du système pénitentiaire, voire celui du corps social dans son ensemble. En agissant ainsi, l’Etat ne donne-t-il pas l’exemple - légalement - de la violence suprême ?

Elle ne permet pas au coupable de s’amender.

La peine de mort est irréversible. Elle interrompt tout processus de guérison, de réinsertion sociale, et est de ce point de vue l’aveu d’un échec de la société à se montrer solidaire envers ceux de ses membres les plus marginaux. Donner la mort à un être humain, c’est le supprimer, ce n’est pas le punir.

Elle ne respecte pas le droit à la vie.

L’homme coupable ne doit pas tenir son droit de vivre d’autres hommes qui l’en jugent digne. Le droit à la vie est un absolu, et la peine de mort l’une des formes du mépris de la vie. Cette conception rejoint celle du chrétien et de tout croyant, pour qui la vie est un don de Dieu.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire